Anvaing en cartes postales anciennes
Le village, remis à sa place...
En y arrivant, le 10 juillet 1904...
Une des rares cartes qu'il soit possible de dater avec précision, puisque ce concours agricole eut lieu le 10 juillet 1904. Il s'agit ici presque d'une photo de reportage, et il est fort probable que d'autres cartes postales ont été éditées pour commémorer l'événement.
...C'était la fête au village, c'était le jour du Concours agricole.
Le Concours agricole était organisé par le Comice agricole Frasnes - Flobecq, à tour de rôle dans les différentes communes.
Ce fut au tour d'Anvaing de l'organiser, le dimanche 10 juillet 1904.
En voici une relation que l'on pouvait lire dans "Le Courrier de l'Escaut" du 13 juillet 1904, en page 2:
A Anvaing, le grand concours agricole du 10 juillet
De notre correspondant:
La journée de dimanche dernier fera époque dans les annales de cette charmante localité. Jamais, peut-être, la jolie commune d’Anvaing n’avait vu ni reçu autant de monde. Un soleil radieux, agrémenté d’une brise légère, est venu parachever le décor naturel de cette belle fête.
Dès le matin et jusque dans l’après-midi, des trains bondés de monde déversèrent à flots les nombreux étrangers accourus en foule pour visiter le Concours et l’Exposition agricole. Le drapeau national flotte partout; partout nous recevons un accueil affable et cordial, qui fait vite oublier l’incommodante poussière fouettant le visage. La route qui nous mène de la gare à l’exposition, bordée de sapins sur une bonne partie de sa longueur, est ornée à maints endroits de magnifiques chronogrammes. Des drapeaux nationaux et des gerbes de fleurs, se détachent les souhaits de bienvenue aux exposants, aux étrangers et aux visiteurs.
La suite est à lire ci: https://uurl.kbr.be/1167417
Une des toutes premières vues de la place, vers 1903. Les piquets de délimitation que l'on voit ci-dessous ne sont pas encore installés.
La grande maison blanche, au centre de l'image, était le siège de l'imprimerie FOURMANOIR qui a édité cette carte, ainsi que de nombreuses vues d'Anvaing entre approximativement 1903 et 1910, avec la collaboration du photographe Henri RASSENEUR, de Frasnes-lez-Buissenal. A l'époque, le commerce semblait se trouver côté droit. Une porte fut percée vers 1908 à l'emplacement de la première fenêtre de gauche afin de donner accès au magasin, qui dès lors fonctionna à cet endroit jusque fin des années 70.
La maison tout à fait à droite était un magasin, qui devint plus tard le "grand bon marché" , comme on pourra le voir ci-dessous.
Si l'on considère la typographie, cette carte est probablement de la même série que celle ci-dessous, et expédiée par la même personne, à la même correspondante, sa soeur, quelques semaines plus tard. Elle est ici datée du 30 novembre.
Curieusement, autant la seconde image est animée par une foule nombreuse, celle-ci laisse juste deviner une personne devant une fenêtre de la maison de gauche.
Une carte qui fait partie d'une série sortie en 1905. Carte dite "en nuage", car avant septembre 1905 le verso était réservé à l'adresse.
La maison à l'angle, à gauche, est un "estaminet", comme il se lit au dessus de la porte. La troisième maison est également un débit de boissons. A gauche du chariot, on retrouve beaucoup d'affiches sur la porte de la maison communale. A droite du même, c'est l'école des garçons. La photo a probablement été prise un dimanche ou un jour férié, pour réunir autant de monde sur la place. 27 adultes et 18 enfants sur cette vue: un record pour cette collection ? Les expéditeurs ont ajouté une flèche, et une croix au dessus de la porte de leur maison - ou de celle ou ils sont hébergés -
La place est pavoisée aux couleurs nationales. L'estaminet qui fait le coin semble fermé, ainsi que l'autre café, deux maisons plus loin, qui a lui son volet fermé. Une grande enseigne orne sa façade. En février 1910 un "bel estaminet" appartenant à la brasserie Saint-Martin de Montroeul-au-Bois était à remettre sur la Place d'Anvaing, avec un "monopole de bières spéciales". Etait-ce l'annonce de cette remise ?
Déjà en 1911, et au moins jusqu'en 1919, un des "cabaretiers" de la place s'appelait Emile DUPRET, et était surnommé "Le Congo". Emile HENNEBERT était boulanger-patissier en 1911.
Des affiches sont encore présentes, mais en moins grand nombre, sur la porte de la maison communale.
Une enseigne "imprimerie" se trouve maintenant au dessus de la première porte de la grande maison blanche de droite. Cette enseigne disparaitra quelques années plus tard. Il s'agit de l'imprimerie d'Edouard FOURMANOIR, éditeur de nombreuses cartes postales du village.
Les lignes délimitant le jeu de balle sont fraichement tracées, et une planche est installée, probablement pour permettre au livreur de s'élancer. Carte d'avant 1909, date du changement de logo de l'éditeur Préaux.
Vers 1910, les tilleuls viennent d'être plantés. Plus d'un siècle plus tard, ils sont toujours en bonne santé apparente, malgré leur situation au centre du village.
Sur cette vue, on remarque bien que les cinq premières maisons à partir du coin sont presque semblables, et ont probablement été construites au même moment: Les cheminées sont aux mêmes endroits, les portes presque toutes également, la hauteur et la forme des fenêtres sont les mêmes...
Seules, les décorations faites par les couvreurs sur les toits sont différentes.
Les trois premières maisons en partant de la gauche sont des "estaminets", le premier, à l'angle, s'appelle "Au colombophile", le deuxième est à l'enseigne de "Chez Jules".
A l'époque, Anvaing comptait de nombreux cafés. Entre 1900 et 1914 par exemple, on lira ci-dessous quelques noms de "cabaretiers" relevés dans les annonces notariales de la presse régionale. (Les ventes publiques se tenaient en effet souvent dans les arrières salles des "cabarets").
Arthur DEMER, cabaretier sur la place, Jules MASURE, au chemin du Carnois, François MANSART, au Carnois, Marcel TRESSELLE, au Plit, Stanislas VANDERSCHUEREN, chaussée de Leuze, Antoine DEPELCHIN, Désiré DESMONT, Paul OLIVIER, Julien DELMEE, Aimé GARREZ-SENEPART, François LEHOUCQ, François HENNEBERT, Charles SENEPART...
Selon Willy DELHAYE (voir sources, en bas de page) , en 1910, Anvaing comptait 22 "cabarets", pour un peu plus de 1300 habitants...
La quatrième maison semble être une boucherie ou une boulangerie, selon la tenue de la personne devant la porte. La maison avec des escaliers, l'actuel N°7, pourrait avoir été à l'époque un magasin de peintures et/ou une droguerie. Une dame promène son chien, qui semble profiter de cet arrêt... On les retrouvera tous les deux ci-dessous, les troisièmes en partant de la gauche.
Il a plu peu de temps avant la prise de vue, une grande flaque d'eau est encore visible à la limite des pavés et de la place.
Cette photo a été prise entre 1909, date de début d'activité de la société Préaux sous cette graphie, et mai 1914, date d'envoi de la carte. Tout à fait à gauche, l'ancienne école des garcons, construite vers 1864, avec le logement de l'instituteur à l'étage. Une partie du bâtiment servait également de maison communale. Derrière l'homme avec le chien, au centre de l'image, l'imprimerie Fourmanoir. Tout à droite, la façade blanche du magasin "Au grand bon marché", qui pouvait vous fournir "Vins, spiritueux, denrées coloniales" , mais également des articles de mode selon la vitrine de droite.
Certaines fenêtres du premier étage des deux maisons de droite sont aveugles, mais ont été peintes de façon à imiter le chassis et les vitres, dont la couleur noire peut faire illusion. Il s'agit ici d'éviter la taxe sur les portes et fenêtres, abordée plus en détail dans la page consacrée à l'église.
C'est également le cas sur la grosse maison de gauche ci-dessous.
Probablement vers 1904. Les tilleuls de la place n'ont pas encore été plantés. Une enseigne, malheureusement illisible, se trouve au dessus de la grosse maison de gauche. La troisième maison, toujours en partant de gauche, à encore une toiture en chaume. Cette maison sera démolie et reconstruite beoucoup plus grande, avec notamment l'ajout d'un étage. C'est actuellement le numéro 30. Un arbre se trouve devant les deux maisons de droite. Il sera abattu un peu plus tard. Ces deux dernières maisons seront également agrandies dans le futur, comme on peut le voir ci-dessous, et surtout sur certaines vues de l'église.
Il est plus que probable, au vu notamment des feuilles restant sur les tilleuls, que cette photo, celle du fond de la place et celle de l'angle à l'opposé de celle-ci, un peu plus haut, ont été prises le même jour; à cette époque, vers 1910, les déplacements étaient lents et difficiles. Un photographe, chargé de son encombrant matériel, profitait de sa venue pour faire "le tour du village" , et photographier ce qui serait plus tard édité en cartes postales.
Curieusement, alors que beaucoup de personnes le regardent opérer sur les vues précédentes de cette série, on a ici une seule silhouette qui se devine devant la maison blanche, à gauche du dernier tilleul. On remarquera également l'étroitesse du chemin qui monte vers le couvent, et l'absence de trottoirs.
Les chemins sont forts boueux, signe que nous sommes en fin d'automne ou en hiver, comment le confirment d'ailleurs les arbres dénudés de la drève.
Curieusement, une "tabatière" est restée ouverte sur le toit de la grosse maison de gauche, malgré la pluie récente.
Une vue qui date d'après 1923, comme nous le montre la grille du monument aux morts, inauguré cette année-là.
A l'époque, dans notre région, la balle pelote (le jeu de balle) était beaucoup plus populaire que le football, en tous cas dans les villages. Si une équipe, le "Football Club Excelsior" a eu une existence éphémère vers 1933/1934, il a fallu attendre 1969 pour voir la fondation du club de football actuel, l'AC Anvaing tandis que la première société de jeu de balle, "Les décidés" a été fondée en 1901, et qu'on en comptait même trois dans le milieu des années 30.
"Anvaing Bruyère" jouait sur le ballodrome devant la gare, quant à la société "L'Union-Place", elle fût fondée en 1933 par César MONTIGNIES, qui en fut également le président. Il décéda en février 1945.
"L'Union-Place" fut sacrée championne de Belgique en 1942. Après-guerre, ces deux sociétés disparurent, et c'est la société "Anvaing Jeunesse" qui représenta le sport ballant dans notre village jusque fin des années 90.
La société "Anvaing Jeunesse" fut sacrée champion de Belgique en Division 1 inférieure en 1976. Dans les années 70, l’équipe tournait autour de Serge NOTTEGHEM, d’André VANMANSART ou Idès CAUCHIES, entre autres.
Lors des luttes de jeu de balle, les cafés tournaient bien sûr à plein régime.
Photo prise le même jour que la précédente, selon la position des spectateurs, particulièrement côté église.
On notera les poules, qui picorent le crottin de cheval sur la route sans crainte du trafic, la présence d'une bonne douzaine de personnes, dont 5 couples, ainsi que d'un cycliste facétieux, qui à couché sa machine.
La maison à l'angle de la rue du Curé semble toujours être un magasin.
En plein centre de l'image, la grande maison blanche était l'imprimerie Fourmanoir. On y accédait par la porte de gauche, au dessus de laquelle se devine le mot "imprimerie".
La fenêtre à droite de cette porte laisse entrevoir un étalage. L'imprimerie faisait également office de librairie - papeterie, et des générations d'anvinois en culotte courte allaient y acheter leurs cahiers, crayons, encre, plumes et porte-plumes...
C'est également à cette fenêtre qu'étaient affichés les faire-part de naissance, mariage, décès...
Il est probable que certains eurent les honneurs de cette fenêtre dans ces trois circonstances !
A noter que cette carte existe aussi non dentelée, non recadrée et non retouchée. Les fils électriques sont alors bien visibles, ce qui nous renseigne une photo prise après 1925, date de l'installation de la distribution électrique dans le village.
Beaucoup d'ardoises ont été remplacées sur les toits des maisons de gauche, qui n'ont plus du tout le joli aspect qu'ils avaient vers 1910, comme sur les photos ici plus haut. La maison à l'angle et sa voisine ne sont plus des "estaminets". La maison à l'angle était probablement habitée à l'époque par Georges Carton et son épouse Marthe Dubois, la soeur de ma grand-mère maternelle.
Faisant suite au développement de l'automobile, un fléchage "Renaix" a été peint sous la fenêtre de droite du premier étage. Son pendant "Leuze" était peint sur le mur de la cure, en face du débouché de la rue de la Gare.
Une équipe de peintres s'affaire à rafraichir les peintures des châssis du café qui occupe la quatrième maison. Sa voisine de gauche est également un café.
Il est probable que cette photo, ainsi que la précédente aient été prises le même jour, en mai ou début juin, car les tilleuls sont en fleurs.
On retrouve d'ailleurs approximativement le même nombre de personnes, mais surtout certaines semblent identiques sur les deux clichés: le cycliste avec un képi (facteur ?), qui se trouve derrière une dame dans l'axe de la fenêtre de l'imprimerie, le peintre en longue blouse blanche, une dame en robe blanche avec un gilet, l'homme assis à droite avec une casquette...
Quelques années plus tard, si on se réfère à la grosseur des troncs. Une pompe à essence est maintenant installée devant l'actuel N° 7. Une perche est également installée au milieu de la zone enherbée, probablement pour le tir à l'arc de la société des "Archers de Saint-Sébastien"
Tout à la fin des années '50, le béton n'a pas encore remplacé les pavés. Ce sera fait en 1956.
La pompe à essence, ainsi que la perche du tir à l'arc sont toujours présentes.
La maison à l'actuel N° 11 est de nouveau un café et porte une enseigne "Royal Ale", produite par la brasserie Roman. Il était tenu à cette époque par Marcel WAILMACQ et son épouse. Sa voisine de droite n'en est plus un, et est (re)devenue une habitation privée.
Au fond de la place, à l'angle avec la rue de la Gare la maison qui porte maintenant le N° 36 n'a pas encore été construite.
La dernière carte postale connue qui représente la place d'Anvaing date du milieu des années '60.
La perche du tir à l'arc n'est plus présente, une antenne de télévision à été installée sur le toit du magasin "Lido", au coin de la rue du Curé.
En quittant la place, en allant vers la gare...
- Delhaye, Willy. Histoire de Frasnes-Lez-Anvaing: Anvaing, Hacquegnies, Moustier, Buissenal et Oeudeghien. D'Ouest en Est. III. Ath: Annales du Cercle Royal d'Histoire et d'Archéologie d'Ath et de la région et musées athois, 2004
- "https://uurl.kbr.be/1167417 Le Courrier de l'Escaut" du 13 juillet 1904, page 2 (consulté le 12 février 2022)