Comment dater - approximativement - une carte postale ancienne ?

Sauf coup de chance comme sur la carte ici à gauche, ou le rédacteur précise que "cette collection vient d'être mise en circulation depuis hier" , et dont le cachet de la poste nous indique le 11 mai 1905, Il est difficile de dater des cartes postales anciennes. Le cachet de la poste ne donne qu'une indication de date maximum, puisque souvent des cartes restaient en vente jusqu'a une vingtaine d'années, surtout à partir des années 30. D'autre part, suite à la mode de la collection des timbres poste en grande vogue dans les années 60, beaucoup de timbres, et donc leur cachet, ont disparu. Et enfin, la date peut-être simplement illisible...

On peut cependant noter quelques généralités:


" Cette collection vient d'être mise en circulation depuis hier et je me fais un plaisir de vous faire connaître les sites principaux de ce ravissant pays. Bien des choses de nous deux à vous deux."
  • Avant septembre 1905

On notera également la découpe approximative, caractéristique qui se retrouve fréquemment durant cette période.

Les cartes "en nuage"

Avant 1905, le verso de la carte n'est pas divisé, et est réservé à l'adresse. Les éditeurs laissent donc un espace, le plus souvent dans le bas de la carte, pour la correspondance, comme sur la carte ci-dessous. Le bord flou entre l'image, qui pouvait être réduite au quart supérieur du verso, et la zone prévue pour la correspondance font que les collectionneurs parlent de cartes "en nuage".

Les cartes sont de format 9 X 14 cm, les bords sont droits.

La carte ci-dessus, au delà de la forme de l'image "en nuage", nous montre une particulatité des tarifs postaux: en barrant "carte postale" au verso, et en le remplaçant par "imprimé", et en signant seulement, l'expéditeur pouvait utiliser un timbre de 1 centime, et non de 5 centimes comme sur la carte précédente.

L'envoi ne pouvait cependant ne comporter qu'une signature au recto, et aucune autre mention manuscrite sous peine de surtaxe à payer par le destinataire.

  • Entre 1906 et le début des années 30

Le dos de la carte est maintenant divisé, l'adresse à droite et la correspondance à gauche. Le format des cartes reste le 9X14 cm, les bords sont toujours droits. Des personnes en rapport avec le sujet représenté sont le plus souvent présentes sur la vue, facteurs, employés de la gare, enfants des écoles, voisins...

Il faut "animer" l'image; comme les temps de pose étaient encore relativement longs, et surtout que le photographe opérait sur pied, avec un appareil à plaques qui laissait peu de place à la spontaneité, les sujets sont souvent alignés en rangs d'oignons, et ont l'air figés. C'est aussi l'époque du fameux "ne bougeons plus, le petit oiseau va sortir"...

On imprime, comme à la période précédente, en phototypie. La caractéristique principale de ce procédé est l’absence totale de trame, ce qui offre une qualité de détails et de nuances de gris remarquables.

  • Le cas particulier des cartes colorisées.

Avant les années trente, certaines cartes étaient colorisées à la main, et éditées en tirage limité.

Trois cartes colorisées d'avant 1909, date du changement de logo de l'éditeur Préaux Frères.Les mêmes existent bien sûr en noir et blanc, à voir dans les pages consacrées au château, à la vue depuis le Pureau et à la vue depuis les jardins, à l'arrière.

La technique du coloriage "au patron":

Toutes les épreuves en noir, obtenues par quelque procédé que ce soit, peuvent être coloriées à la main, avec un nombre extêmement variable de nuances. Pour abrèger le travail que pourrait exécuter un simple aquarelliste, on fait comme dans la chromolithographie, une série de calques destinés à délimiter la partie du dessin que chaque teinte plate devra recouvrir.

Les calques sont reportés sur autant de très minces feuilles de cuivre que l'on découpe en conséquence. On applique alors successivement chacune des plaques de cuivre évidé sur l'épreuve préalablement imprimée en noir et, à l'aide d'un tampon ou pochoir, on colore les vides laissés par le découpage avec des couleurs à l'aquarelle dissoutes très simplement dans de l'eau gommée. La superposition des différentes nuances et le modelé primitif obtenu avec le cliché noir doivent reproduire l'original d'une façon plus ou moins approchée, suivant le nombre des nuances employées et l'emploi judicieux qui en est fait.

Ces épreuves ainsi coloriées sont toujours absolument mates.

Source: Annuaire Berry, deuxième édition, 1905: http://docs.philateliques.free.fr/livres/livrepdf.php?livre=401 (consulté le 22/01/2022)


Bien que manifestement de la même série que les cartes du château présentées ici à gauche, cette carte, dont je ne possède pas l'original, montre une colorisation nettement moins prononcée. Effet du veillisement du à la lumière et aux UV, ou colorisation plus fade dès le début ?
  • Les années 1930 et le début des années 40

Les bords droits des cartes font maintenant place à des bords dentelés. C'est l'époque de la mode de la coloration sépia, qui donne cet aspect brunâtre à ces cartes postales. Grâce à l'amélioration des conditions de prise de vues, de plus en plus de sujets en mouvement font leur apparition: jeu de balle, courses cyclistes, voire courses automobiles...

Comme lors des périodes précédentes, les cartes sont presque toujours mates. le procédé d'impression devient le bromure et s'industrialise.

  • L'après-guerre et les années 50

Le début de la fin... Les cartes sont souvent des rééditions de vues anciennes. Elles restent majoritairement dentélées, et de format 9X14 cm.

Comme la mode et les modèles de voitures changent régulièrement, on évite maintenant ces sujets sur l'image, ainsi que tout ce qui pourrait dater trop précisément la carte..

C'est également le début de la couleur et des vues aériennes.

  • Des années 60 à nos jours

A l'exception des vues aériennes produites par millions par l'imprimerie CIM (Combier Imprimeur Macon), très peu de cartes nouvelles sont mises sur le marché.

Comme on le voit ci-contre, il devient de plus en plus difficile d'éviter les éléments qui datent les photos, au regard par exemple de l'emprise de plus en plus grande de la voiture sur la voie publique.

Le format passe à 10X15 cm, les bords sont droits.

Les cartes deviennent le plus souvent brillantes. La qualité des photographies et de l'impression à tendance à fortement se dégrader.

C'est également le régne de la couleur.

  • Dater des cartes d'Anvaing

En plus des conseils ci-dessus, quelques repères pour dater des cartes d'Anvaing: le monument aux morts a été inauguré en mai 1923, tandis que le réseau électrique est installé à partir de 1925.

Les tilleuls ont été plantés vers 1910, tandis que le hêtre rouge devant l'église, à gauche du monument aux morts, a été planté en 1930 pour commémorer le centenaire de notre pays.

La taille et le diamètre des différents troncs permettent par comparaison de définir une fourchette de dates.

De la même manière, la hauteur des différents buissons ou arbustes d'ornement peut nous aider à nous situer avant - après.

Et enfin, pour la majorité des cartes présentes sur ce site, une fourchette de dates est proposée.

Si vous souhaitez un avis, utilisez le formulaire de contact.

  • Trouver des cartes d'Anvaing

Pour la recherche de vos cartes anciennes, un site se détache directement: www.delcampe.net , qui a de plus l’avantage d’être belge.


Plus d’une centaine de cartes de notre village sont en permanence à vendre, avec des prix allant de 0,58 € à plus de 30 €. La valeur moyenne est aux environs de 8 €.


Mais beaucoup plus amusante est la fréquentation des bourses spécialisées et des brocantes, ou il faut parfois fouiller parmi des centaines de cartes dans des cartons à chaussures avant de trouver la perle rare…


Pour le classement de vos trouvailles, la firme Leuchtturm propose des albums adaptés.


N'oubliez cependant pas que le format des cartes postales anciennes (CPA dans le jargon des collectionneurs) est de 9X14 cm, contre 10X15 cm pour les cartes actuelles et les photos.